master en alternance

 

Formation des enseignants : le recteur de Versailles détaille son projet expérimental de master en alternance

dépêche AEF

 

« Nous devons dépasser la logique actuelle d'une maquette préparée par les universités dans laquelle on aménage des temps de stages [pour les futurs enseignants]. L'idée est en train de s'imposer que cette formule n'est pas la meilleure possible car elle nous pose certains problèmes pour gérer les départs en stage et l'accueil dans les établissements scolaires », déclare à AEF Alain Boissinot, recteur de Versailles, mardi 8 février 2011. Il expérimentera à la rentrée 2011 des masters enseignement en alternance dont l'objectif sera de permettre aux étudiants d' « approfondir leur connaissance du milieu professionnel et développer les compétences nécessaires au métier auquel ils se destinent ». Il livre à AEF les premières pistes présentées par un groupe de travail associant les cinq universités de l'académie (1), chargé de définir la mise en œuvre de cette nouvelle formule.

AEF : Quels seront les niveaux de formation concernés par l'alternance ?

Alain Boissinot : L'alternance concernera au moins les deux années de master et peut-être aussi l'année de L3. La réflexion proposée porte sur deux axes : dès la licence, les étudiants pourraient conjuguer temps de formation en université et séquences en établissement. La mission qui leur serait confiée d'assistant d'éducation puis d'assistant pédagogique serait intégrée à leur parcours de formation comme un temps de pré-professionnalisation. Puis, en master, sur le même principe, il leur serait proposé d'intervenir toute l'année en tant que personnel enseignant vacataire en établissement, accompagné par un tuteur, sur un service limité à quelques heures.

AEF : Quel type de contrat unira l'étudiant à l'Éducation nationale ?

Alain Boissinot : Ce seront des contrats classiques : d'assistant d'éducation pour les étudiants de licence, et de vacataire pour les étudiants de master, avec un maximum de 200 heures par an. Juridiquement, cela ne posera donc aucun problème à l'Éducation nationale.

AEF : C'en est donc fini des stages de pratique accompagnée ou des stages en responsabilité ?

Alain Boissinot : Oui, de même que dans les formations professionnelles, on ne parle pas de stages, mais de séquences de formation. Elles pourront atteindre six heures par semaine en établissement. L'étudiant sera rémunéré pour le nombre d'heures qu'il assure. Un groupe de travail est en train d'étudier ces questions d'ordre technique. L'étudiant étant recruté comme un assistant d'éducation s'il est en licence, ou comme vacataire s'il est en master, il touchera donc la même rémunération qu'un assistant d'éducation (soit 9 euros brut de l'heure) ou qu'un vacataire (34,30 euros brut de l'heure).

AEF : Faut-il modifier la place du concours ?

Alain Boissinot : Ce sujet fait débat. Mais dans l'immédiat, la place du concours ne changera pas, c'est-à-dire que l'expérimentation à Versailles se fera à l'intérieur du cadre existant. Changer la date d'un concours est une procédure lourde qui passe par de nouveaux décrets. Pour autant, rien n'interdit de s'interroger car la formule retenue cette année n'est peut-être pas la meilleure. Mais nous ne pouvons pas tout faire à la fois. Il faut se donner du temps.

AEF : Combien d'étudiants seront-ils concernés par ces masters en alternance ?

Alain Boissinot : Ce point n'est pas encore arrêté. Nous ne pourrons pas accueillir la totalité des étudiants qui suivent les parcours de formation aux métiers de l'enseignement. C'est pourquoi le dispositif expérimental coexistera avec l'ancien dispositif l'an prochain. L'idéal serait de constituer des groupes d'étudiants professeurs des écoles et des collèges et lycées. Actuellement, les universités sont en train d'évaluer le nombre d'étudiants intéressés. Nous devrions nous faire une idée plus précise d'ici un mois.

Par ailleurs, cette alternance se mettra en place avant que les étudiants ne sachent s'ils sont admissibles ou non. Ces deux catégories d'étudiants seront donc concernées.

AEF : N'anticipez-vous pas d'ores et déjà une forte demande pour ce nouveau type de formation ?

Alain Boissinot : Je reste prudent à ce sujet. Il faut voir combien d'étudiants auront véritablement envie de s'engager car un master en alternance demande un investissement plus fort. L'étudiant est en position d'enseignement, même si les conditions sont aménagées et les horaires modestes. Je m'attends donc à quelques dizaines de candidats et si la demande est plus forte, l'académie de Versailles sera en mesure de répondre.

AEF : Ces étudiants en alternance pourront-ils constituer une ressource pour le remplacement dans l'académie ?

Alain Boissinot : Ils ne constitueront pas nécessairement des moyens de remplacement, mais indiscutablement, ils constitueront des moyens d'enseignement complémentaires dont l'académie a besoin dans certaines disciplines. Nous cherchons à monter un dispositif où tout le monde est gagnant : l'étudiant comme le chef d'établissement.

AEF : Que pensez-vous de la proposition de master en alternance formulée par la CDIUFM (AEF n°144620) ?

Alain Boissinot : Je m'intéresse à toutes les propositions. Pour autant, les masters en alternance ne sont pas la propriété privée des IUFM. Car il ne s'agit en aucun cas de recréer des IUFM… La logique de la CDIUFM est un peu différente de la nôtre. Elle cherche avant tout à aider les élèves qui travaillent afin de leur permettre de passer leur master en même temps qu'ils exercent une activité professionnelle. Il s'agit donc de recruter à plein temps des étudiants dans les établissements, ce qui pose des problèmes d'aménagement du cursus. Notre option à nous se distingue en ce que nous ne prônons pas le travail à plein temps mais des séquences d'enseignement de six heures hebdomadaires. Il suffira donc de bloquer deux jours par semaine dans les établissements et pour les universités, de prévoir les cours les autres jours.