PERSONNE NE VEUT D’UN POSTE EJECTABLE
Au printemps 2025, le Rectorat de Nice annonçait la création de neuf postes de CPE dans le cadre du « plan tranquillité scolaire ». Ce plan, lancé fin 2024 par le ministère de l’Éducation nationale, visait à améliorer le climat scolaire dans les établissements en difficulté en renforçant la présence adulte, notamment par des CPE et des assistants d’éducation, et en mettant l’accent sur la sécurité et la prévention des violences. Construit autour des priorités « protéger, apaiser et responsabiliser », il se voulait une réponse rapide aux tensions.
Le rectorat a choisi d’implanter ces neuf postes sous la forme de postes spécifiques académiques (SPEA), fléchés et présentés comme « horodatés », susceptibles d’évoluer ou de disparaître dans deux ou trois ans, selon l’amélioration des situations locales, là où les établissements connaissaient des « tensions paroxysmiques ».
Dès lors, la CGT avait alerté : ces postes instables n’attireraient personne, car aucun titulaire n’accepterait de s’asseoir sur un siège éjectable. Le syndicat rappelait aussi que le métier de CPE s’inscrit dans le temps long : connaître les élèves, les familles, les fratries, stabiliser le climat scolaire. Pour la CGT, en implantant ces postes de cette manière, le Rectorat prenait une décision inédite : dédier des moyens pérennes à des contractuels plutôt qu’à des titulaires.
Quelques mois plus tard, le bilan est sans appel : seuls deux postes sur neuf ont trouvé preneur. Les autres sont restés vacants, confirmant exactement ce que la CGT avait prévu. Sans ordre d’importance, c’est premièrement une opportunité gâchée de redonner de la mobilité et de l’air à un corps de CPE déjà en tension. Ensuite, le Rectorat a préféré bricoler une solution bancale plutôt que de reconnaître les besoins durables et l’état d’urgence des établissements concernés. Enfin, cela a confirmé que l’attractivité d’un poste et l’incertitude d’avenir ne font pas recette. L’appariement est quasi impossible.
Le Rectorat assume pourtant le caractère non immuable de ces postes et considère qu’il y a une nécessité presque morale d’en faire des SPEA, afin de « prévenir » les candidats sur le climat scolaire et la mission à durée limitée. La question sera à nouveau traitée au printemps prochain. C’est un point de vue cohérent mais que nous ne partageons pas. Les besoins des établissements n’ont rien de provisoire. Pour faire l’analogie, mettre ces CPE puis les retirer c’est comme les aménagements de postes retirés aux collègues malades au risque (qui advient parfois) que leur situation s’aggrave.
La CGT avait raison. Mais ce n’est pas un motif de satisfaction. Car derrière ce constat, ce sont des établissements qui restent sans renfort durable ni expérimenté, des équipes éducatives qui continuent à s’épuiser, et des élèves qui ne bénéficient pas de la stabilité nécessaire. Pour eux, le « plan tranquillité scolaire » n’est qu’un faux plan.