Loi Rilhac et décret d’application

Nous y voilà donc ! Durant la pause estivale, le décret d’application de la loi Rilhac est paru abrogeant de facto le précédent texte de 1989 qui régissait la direction d’école. Pour mémoire, ce texte de 1989 venait lui même abroger un texte de 1987 : Le décret Monory.

Ce décret, porté par la droite de l’époque, instituait alors la fonction de « maître-directeur » et avait soulevé une vague d’indignation et de protestation chez les enseignant⋅es. Deux ans plus tard, le gouvernement socialiste l’abrogeait à son tour pour réaffirmer l’absence de rapport hiérarchique entre le.la directeur.trice et les enseignant.es.

La loi Rilhac se veut être une réponse aux difficultés et au mal être des directeurs.trices dans l’exercice de leur fonction. Ce malaise, cette souffrance psychologique vécue par nos collègues directeurs.trices est indiscutable et, malheureusement amènent certain.es à des « solutions » extrêmes. Aussi, on ne pourrait que se réjouir de voir enfin cette souffrance prise en compte.

Mais, que propose la loi Rilhac !

Tous les sondages l’affirment, nos collègues souhaitent voir reconnue la surcharge de travail administratif. Iels demandent du temps de décharge ou une aide administrative pour s’acquitter de ces tâches .

Rien dans le décret d’application ne répond à cette demande légitime.

Selon les mêmes sondages, les enseignant.es et les directeur.trices, dans leur très grande majorité ne souhaitent pas que soit établie une différence hiérarchique entre eux.

La loi Rilhac crée un rapport hiérarchique entre les personnels. Elle dote les directeurs et directrices d’une autorité sur tous⋅tes dans l’école. Pour autant, elle ne précise pas les moyens de cette autorité. En effet, nombre de décisions ( répartition des élèves, établissement des tableaux de service des enseignants) nécessitent toujours la consultation et l’avis préalable du conseil des maîtres⋅ses

En revanche, elle confie aux directeurs.trices la responsabilité de l’exécution zèlée des dernières directives ministérielles par les collègues. Comment ? On l’ignore. Puisque leur capacité à conduire l’école sera évaluée très régulièrement ( tous les 5 ans ) seront ils , pour conserver leur titre, leur fonction et l’accélération de leur avancement, encouragé⋅es à dénoncer les collègues jugé⋅es moins performant⋅es ou moins serviles. ?

Auront ils la tentation d’octroyer partialement les missions du PACTE pour ramener les enseignant⋅es récalcitrant⋅es dans le droit chemin des injonctions ministérielles…. ?

On peut légitimement s’en inquiéter et craindre que les tensions et la discorde ne rendent impossible le travail en équipe.

Il est évident que la loi Rilhac ne règlera aucune des difficultés rencontrées par l’Ecole. Son application n’amènera que discorde , expression des individualismes et mise en concurrence des personnels.L’Ecole se doit de former des citoyen⋅nes éclairé⋅es et respectueux⋅es d’autrui, mais pas de faire le lit d’une société ultra libérale.

Refuser la loi rilhac n est pas une opposition par principe mais de pour la sauvegarde et le maintien des principes fondamentaux d une Education républicaine,démocratique et égalitaire