Temps de travail

Temps de travail dans l'éducation : désinformation, fantasmes et idées reçues !

Début décembre, le sénateur Gérard Longuet a publié  un rapport qui prévoit d'inclure dans le temps de travail des enseignants les deux heures supplémentaires que font en moyenne les enseignants dans un nouveau cadre annualisé. Le temps de cours des agrégés serait également aligné sur celui des certifiés, faisant passer leur temps hebdomadaire de 15 à 20 heures....

Cette augmentation envisagée  du temps de travail des enseignants, paraît d'autant plus choquante , que ces derniers ne sont jamais passés aux 35 h, pas plus qu’aux 39 h, et qu’ils sont restés à la loi de 1946 et aux 40 heures hebdomadaires !!!,

Beaucoup d’idées reçues, parfois de fantasmes, circulent sur le temps de travail des enseignant.es, alimentés par les approximations journalistiques et les attaques idéologiques des politiques. La dernière venant de Nicolas Sarkozy dénonçant sur une radio publique des enseignants « travaillant 18h par semaine, 6 mois par an » !

C’est particulièrement caricatural mais cette outrance est possible par l’absence de traitement sérieux du sujet.

Il faut dire qu’il est parfois complexe de se retrouver dans la multiplicité des corps, des statuts et des obligations de service des plus de 900.000 agents du Ministère de l'Education Nationale.

Les personnels administratifs, de santé et sociaux, qu’ils exercent en établissement ou dans les administrations centrales et décentralisées, ont bénéficié en 2002 d’une réduction du temps de travail suite au décret Fonction publique du 25 août 2000. Pour eux, comme pour d’autres agents, ceci s’est fait par l’annualisation du temps de travail sur la base de 1600h annuelles (1607 depuis l’ajout de la journée de solidarité). La difficulté est que leur rythme de travail est soumis en partie aux rythmes de l’année scolaire.

Pour les agents exerçant en établissement scolaire le nombre imposé de semaines de fermeture administrative induit de fait une charge horaire hebdomadaire élevée, avec une amplitude quotidienne de travail de 11h maximum et une amplitude hebdomadaire de 32h minimum à 44h maximum.
Les salarié.es n’ayant pas de maîtrise sur les semaines d’ouverture ou de fermeture des établissements, leurs possibilités d’aménager leur temps de travail est très limitée et certains d’entre eux assurent des services hebdomadaires allant régulièrement au-delà des 35h.

Les Conseiller.es principaux.ales d’éducation ont aussi des obligations de service annualisées sur la base des 1607h qui se répartissent sur les 36 semaines de cours et 3 semaines réparties sur les congés scolaires. La durée hebdomadaire de travail est alors de 40h 40 minutes, dont 35h inscrites dans leur emploi du temps, 4h laissées sous leur responsabilité pour l’organisation de leurs missions (préparations de projets éducatifs, lien avec des associations, etc.) et un temps de pause non-fractionnable de 20 mn pour 6h travaillées.

Pour les enseignant.es du 1er degré le service hebdomadaire est fixé à 24h de classe devant élèves, s’y ajoutent 3h hebdomadaires en moyenne, soit 108h annuelles dévolues à l’ensemble des autres missions (aide personnalisée, accueil des parents, réunions d’équipe, conseils d’école,…). Pour celles et ceux du 2nd degré, les statuts fixent également un cadre hebdomadaire du temps de classe de 18h pour la plupart d’entre eux (15h pour les agrégé.es, 20h pour les professeur.es d’EPS, 30h de présence + 6h consacrées aux relations extérieures pour les professeur.es documentalistes).
La difficulté du calcul du temps de travail réel des enseignant.es est liée à la part invisible du travail de préparation de cours et de correction de copies, variable selon les services, le nombre de classes, de matières enseignées, l’expérience, mais les études les plus sérieuses tendent vers une durée hebdomadaire aux alentours de 40h , voire plus en début de carrière. Le nombre de tâches administratives (recherche de stages, inscriptions aux examens,…) et pédagogiques (livret de compétences, tutorat individuel, projets pluridisciplinaires,…) confiées aux enseignant.es a nettement augmenté sans que le temps de face à face pédagogique ne soit modifié. D’évidence le temps de cours (18h, 24h,…) est bien inférieur au temps de présence dans l’établissement scolaire d’exercice. ( VOIR ICI le calcul que nous avions effectués à l'époque de la Réforme PEILLON )

Le calendrier scolaire, s’il peut sembler particulièrement attractif au regard des semaines de congés qui le rythme, ne permet pas aux personnels d’aménager leur vie professionnelle en fonction de l’évolution de leur vie personnelle et impacte la charge de travail hebdomadaire pendant les semaines d’ouverture des établissements scolaires.

Le gel du point d’indice et les suppressions de postes (non compensés par les gouvernements Hollande, malgré toutes les annonces) pèsent fortement sur les agents et leurs conditions de travail, le peu d’attractivité des concours d’enseignement semble indiquer que l’image du fonctionnaire privilégié et travaillant peu a fait long feu.

Pour revaloriser ces métiers il faut évidemment des augmentations de salaires et un rattrapage de la perte de pouvoir d’achat cumulée, mais il faut aussi repenser le temps de travail et revendiquer les 32h pour tous les agents. Pour les enseignant.es cela passe par la baisse du temps de face à face pédagogique (heures face élèves) et par l’intégration du temps de concertation au temps de service hebdomadaire.

La CGT Educ'Action demande donc une véritable réduction du temps de travail qui passe par une réduction des obligations hebdomadaires de cours pour les ensignants:

  • à 14h pour les agrégé-es,
  • à 16h pour les certifié-es,
  • à 18 h pour les Professeurs des Ecoles

 

et des obligations de services de

 

  • 32h toutes tâches confondues pour les CPE,
  • 24h + 4h pour les documentalistes.