Enquête PISA: réaction

 

Ci-dessous des extraits du Chat d'Eric Charbonnier de la direction éducation de l'OCDE sur le site du Monde . On y trouvera beaucoup d'arguments contre la manière de réformer en France (bien que notre ministre ait  vanté les succès de la réforme  sur le site du ministère) : morceaux choisis.

Dodo : Quelles sont les principales failles du système éducatif français si on le compare à ceux des pays qui obtiennent de bons résultats au classement PISA ?

Le système français est un système élitiste qui a vu les inégalités scolaires se creuser depuis une dizaine d'années. Aujourd'hui, 20 % d'élèves sont en échec scolaire ; ils n'étaient que 15 % en 2000, ce qui montre une aggravation. Les pays qui réussissent bien dans PISA sont ceux où il y a peu d'échec scolaire.

Petit silence : Le niveau de sciences (mathématiques, etc.) du concours de recrutement des maîtres d'école est du niveau brevet élémentaire, cela ne vous paraît-il pas un facteur d'explication parmi beaucoup d'autres ?

Non, ce n'est pas un facteur d'explication. Les compétences académiques des enseignants en France sont bien souvent supérieures à ce qui existe dans les pays de l'OCDE. En revanche, la formation sur le terrain, l'utilisation de techniques pour transmettre le savoir ne tiennent pas une place assez importante dans la formation des maîtres. C'est davantage vers ce genre de réflexion qu'il faut se tourner.

Mathieu : Les "économies" faites par le gouvernement en supprimant des postes d'enseignant ne finiront-elles pas par aggraver le niveau scolaire des élèves en France ?

Il est certain que toutes les réformes de l'éducation sont souvent plus efficaces quand elles sont faites au moins à budget constant, s'il n'est pas possible d'investir encore plus. Vouloir faire des réformes économiques en même temps que des réformes pour améliorer la performance peut faire perdre de l'efficacité à ces réformes, car elles influencent le climat de confiance entre les acteurs de l'éducation. Notamment les enseignants.

Franck : Le collège unique n'est-il pas une cause de l'échec scolaire des élèves ?

Non, on ne peut pas considérer que le collègue unique est un échec. Les pays où la différenciation scolaire se situe avant le collège sont souvent des pays avec de fortes inégalités sociales. La Pologne a réussi à améliorer ses performances en partie en créant un collège unique. Donc je ne crois pas qu'il faille supprimer le collège unique en France, il faut simplement améliorer son fonctionnement.

Levy : Dans ces études PISA, y a-t-il des comparaisons entre les résultats des écoles publiques et des écoles privées ?

Oui, il y a des comparaisons. Les performances des élèves sont meilleures dans les écoles privées que dans les écoles publiques. Cependant, si l'on retire l'effet du milieu socioéconomique, on constate qu'il n'y a pas d'écart de performances entre école publique et école privée. Cela veut dire que ce n'est pas la qualité de l'éducation qui est meilleure dans les écoles privées, c'est simplement qu'elles attirent plus de familles de milieux favorisés.

Pi : Est-il possible de relier ces résultats aux tests 2009 à l'une des précédentes réformes ou modifications du système éducatif français (suppression de la carte scolaire, mise en place du socle commun...) ?

On peut dire que certaines réformes peuvent aller dans le sens des préconisations de l'OCDE : raccourcissement de l'année scolaire, aide personnalisée... Ce sont des réformes qui peuvent être efficaces pour lutter contre cet échec scolaire. Cependant, ces réformes sont souvent associées à des économies budgétaires, ce qui leur fait perdre leur efficacité. Prenons l'exemple du primaire : la semaine est passée de 26 à 24 heures, mais en la faisant passer de 4,5 jours à 4 jours, on n'a pas réglé le problème de la journée trop longue et trop fatigante pour les élèves. Et le soutien scolaire perd de son efficacité.