le ministére reste sourd

Le ministère peut-il rester sourd aux demandes des professeurs de sciences économiques et sociales ?

Billet publié le 8 février 2011 - http://www.idies.org/index.php?post/Le-ministere-peut-il-rester-sourd-aux-demandes-des-professeurs-de-sciences-economiques-et-sociales

Les Etats généraux des SES organisés à Paris samedi 5 février par l’Association des professeurs de sciences économiques et sociales ont été l’occasion pour l’association et pour les participants à cette manifestation de rappeler leurs demandes vis-à-vis du ministère : revoir la place des SES en classe de seconde, d’une part, et, d’autre part, suspendre la mise en application du nouveau programme de première, prévue en septembre prochain.

C’est sur deux fronts que l’Apses combat la réforme du lycée. Celui des « structures » d’une part, celui des programmes de l’autre.
La réforme est entrée en application en classe de seconde cette année. Les SES y sont un simple « enseignement d’exploration », optionnel (mais choisi cependant par les quatre cinquièmes des élèves), à raison d’une heure et demie par semaine, le plus souvent en classe entière, soit 30, 35 élèves, voire plus. Une enquête conduite auprès des professeurs de SES permet d’en mesurer les premières conséquences. Pour les enseignants, alourdissement du nombre de groupes et d’élèves pris en charge, renoncement à certaines pratiques pédagogiques « actives ». Pour les élèves, détérioration des conditions d’apprentissage, programme amputé faute de temps.
Ces conclusions justifient un appel, « Les sciences sociales au lycée, un enjeu démocratique », dit "Appel de Vitruve" (les Etats généraux avaient lieu rue Vitruve, dans le XXème arrondissement), qui réclame que les SES « soient intégrées dans le tronc commun de la classe de seconde avec un horaire revalorisé, comprenant des dédoublements obligatoires, sans lesquels l’initiation aux démarches spécifiques des sciences sociales ne peut être sérieusement envisagée ». Cet appel a reçu l’appui de quelques grands noms des sciences sociales, Christian Baudelot, Maurice Godelier, Bernard Lahire, André Orléan, Thomas Piketty et Pierre Rosanvallon notamment.

Mais la critique de l’Apses porte aussi sur les programmes, en particulier celui de première. Soutenue par de nombreuses associations de spécialistes du supérieur et par la moitié des enseignants de la discipline, elle demande que l’application de ce programme soit suspendue et qu’un nouveau groupe d’experts, différemment composé, soit réuni afin de ré-écrire un programme moins encyclopédique et plus favorable à l’apprentissage des élèves, moins dogmatique et plus pluridisciplinaire. Même Roger Guesnerie, auteur d’un fameux rapport dont se réclament les auteurs du nouveau programme, a déclaré lors d’un débat en octobre dernier que « c’est à tort que l’on sollicite les conclusions de notre rapport pour justifier ce programme ». Il n’y a finalement plus grand monde pour défendre ce programme.
Alors que l’Apses a déjà présenté ses propositions, on ne connait pas encore le projet de programme officiel pour la terminale. Saura-t-il éviter les défauts évoqués ci-dessus ?

La réduction des SES à la portion congrue répond certainement au souci de faire des économies, un des objectifs de la réforme du lycée. Concernant les programmes, ce souci semble s’accompagner au mieux de méconnaissance de la discipline, au pire d’un aveuglement idéologique scientiste. L’affligeante fin de non-recevoir opposée par le conseiller du ministre à toutes les demandes des représentants de l’association lors de leur récente rencontre en témoigne.