Mobilisation contre la réforme du lycée

Pierre Mathiot, chargé d’établir un rapport sur la réforme du baccalauréat et du lycée Général et Technologique, a remis son rapport mercredi 24 janvier 2018.  Conformément à nos craintes, ce rapport contient de nombreux axes que la CGT juge dangereux et qu’elle combat.

1 – Sur le principe :

Cette réforme n’a pas été conçue comme une réflexion sur l’évolution du lycée pour améliorer la réussite de tou.tes les arrivants de collège. Elle a été construite à partir du projet de réforme de l’enseignement supérieur (sélection à l’entrée de l’université. Pour les détails voir le 4 pages de notre fédération FERC-CGT). Ainsi, elle fait du lycée un lieu de préparation à l’université et organise le tri des élèves dès la fin de l’année de Seconde.

Nous ne disons pas que le tri n’existe pas dans le lycée actuel. Nous disons que cette réforme va l’accentuer. Comment ?

2 – La transformation de la structure du lycée

Le projet entérine la mise en place de semestres dans lesquels les élèves pourront étudier des disciplines différentes : Le premier semestre de seconde aura un fort tronc commun et le second semestre de nombreux enseignements à choisir : Physique chimie, SVT, SES… par exemple. On l’a compris, le second semestre prépare l’orientation.

On s’attend aussi à une réduction ou une disparition de la distinction Général et Technologique, dans la structure mais pas dans la hiérarchisation des parcours. En effet, en Première, les élèves ne seront plus dans une filière. Le temps scolaire sera organisé en trois composantes :

  • « Unité générale » soit un tronc commun (étroit)
  • « Unité d’approfondissement » au choix des élèves : un couple de majeures (qui seront déterminantes et profilerons les groupes classes) choisir parmi une dizaine de possibilités, des mineures et des mineures optionnelles
  • « Unité d’accompagnement » : sensé permettre orientation, travail en petit groupe, renforcement, remédiation… mais cet aspect reste très flou.

Ce mécanisme ne remet pas en cause l’effet de tri constaté dans les filières. Il va le reproduire et l’accentuer. Vous trouverez ici le rapport Mathiot complet pour vous faire une idée plus précise de ce qui nous attend: Bac 2021 rapport mathiot 884443Bac 2021 rapport mathiot 884443 . Des éléments d’analyse également dans notre TRACT CGT

A la CGT, au contraire, nous militons pour un lycée unique et polytechnique ayant un large tronc commun et quelques éléments d’approfondissements pour permettre aux élèves de plus pratiquer ce qu’ils préfèrent sans pour autant abandonner les autres disciplines. Cela évite les orientations précoces, permet la construction d’une culture commune de haut niveau pour tou.tes les élèves et évite la hiérarchisation des filières. Cela passe bien entendu par la réduction des effectifs à 24 élèves par classe, du travail en petits groupes, et bien d’autres évolutions. Vous trouverez notre projet de lycée en cliquant ICI.

 

3 – Réforme du baccalauréat

Ce qui reste :

  • Epreuve anticipée de français en 1ère
  • Epreuve finale de Philosophie en fin de  Terminale

Ce qui change :

  • Mise en place d’un grand oral, sorte de TPE « king size » que les élèves commenceront en première et qui sera évalué de façon individuelle en fin de terminale par deux enseignant.es et à première vue une troisième personne « de la société civile ». Sensé éduquer les élèves à l’autonomie et à la présentation à l’oral, nous voyons mal comment il sera concrètement car les moyens humains nécessaires à cette mise en œuvre sont importants… dans un contexte d’austérité. Or, sans un vrai accompagnement individualisé, c’est la prime à l’héritage culturel familial !
  • Les deux majeures seront évaluées en contrôle final… mais au retour des vacances de printemps… pour permettre aux universités de s’en servir pour sélectionner, si nécessaire, leurs élèves ! Habile !
  • Le reste sera passé en contrôle continu dont on ne sait pas encore s’il s’agira du bulletin scolaire ou d’épreuves intermédiaires avec une banque nationale de sujets.

La conséquence en est que, si M. Mathiot maintien que le baccalauréat reste le premier grade universitaire, il n’est plus le garant de l’égal accès à l’université : Du fait des majeures jouant sans doute dans la sélection, du fait d’un contrôle continu dans lequel l « effet de réputation » d’un établissement jouera aussi son rôle de hiérarchisation.

Et le rattrapage alors ?

Il sera remplacé par une étude des dossiers des élèves entre 8/20 et 10/20 par un jury. Le dossier scolaire sera donc le seul garant du « repêchage ». Et de nombreuses zones d’ombres persistent : Rattrape-t-on de la même manière un.e élève à 9.6/20 et un élève à 8.1/20 ? Comment va-t-on prendre en compte le lycée d’origine ?...

Bref, nous ne disons pas que le bac actuel est parfait, nous disons que ce projet ne fait qu’aggraver les choses selon un postulat idéologique fort réactionnaire : Nous ne pouvons pas donner à tou.tes la possibilité de réussir dans les mêmes conditions, donc nous donnons à chacun la chance de trouver une place dans le futur appareil de production économique en fonction de ses « capacités » et de ses « efforts »… Bref, l’antienne méritocratique dont la sociologie a maintes fois démontré qu’elle était un alibi pour masquer les inégalités sociales de réussite scolaire !

 Pour ces raisons, la CGT Educ’action Appelle :

  • A se mobiliser le jeudi 1er Février, à discuter en AG dans les établissements et à établir des stratégies de mobilisations pour s’opposer à cette réforme. Appel intersyndical ici
  • Des préavis de grève ont été déposés par la CGT Educ'Action pour tous les jours jusqu'à la fin de l'année scolaire, pour couvrir l'ensemble des initiatives locales, y compris concernant les DGH, car la rentrée scolaire de septembre 2018 prévoit une véritable saignée dans les collèges et lycées varois ( VOIR ICI)

Nous ne sommes pas simplement « contre cette réforme », nous sommes « POUR UNE ALTERNATIVE QUI PERMETTE LA REUSSITE ET L’EMANCIPATION DE TOU.TES ». Nous avons autre chose à proposer à notre jeunesse !