Commentaires CGT sur la réforme du lycée et du Bac

Commentaires CGT:

Nous nous doutions, au vu de la complexité de mise en œuvre des propositions Mathiot, que le ministre ne prendrait pas l’ensemble des propositions.
On peut dire, de ce point de vue, qu’il a intelligemment joué des réactions négatives provoquées par la publication du rapport.
La mise de côté de la semestrialisation et des dangers qu’elle ferait peser sur les obligations de service hebdomadaires coupe court à une  mobilisation sur cette base.
Sur ce sujet, Blanquer nous a affirmé de pas vouloir mélanger les enjeux entre ORS et réforme du baccalauréat:
En gros, si annualisation il y a, ce sera pour plus tard.

De même, l’avenir et la place de certaines disciplines demeurent assez flous. C’est le cas des disciplines absentes en tant que telles du tronc commun (SES, maths, physique, SVT) pour lesquelles les postes dépendront grandement des choix de spécialités des élèves. C’est aussi le cas de celles qui vont être intégrées dans des disciplines aux contours flous (humanités numériques et scientifiques, Écologie agronomie et territoires, place des sciences politiques…). Pour ces dernières, il est difficile d’y voir clair tant que les programmes ne sont pas annoncés.

Pour le global, les économies de postes peuvent être la conséquence d’une optimisation poussée des compositions de classe, avec le tronc commun d’un côté et une mise en barrette des enseignements de spécialité.
 

Nous avons demandé au ministre de donner sa politique de gestion des dédoublements. Il a refusé de répondre arguant que  la réflexion devait porter globalement sur les DGH, notamment en ce qui concerne la prise en compte du taux d’élèves issus de collèges REP et REP+.

Ainsi, nous ne savons rien des dédoublements en 1ère et terminale. On peut tout de même voir poindre, dans les propos du ministre, la possibilité d’une marge horaire différenciée dans les lycées suivant les publics qui permettrait de dédoubler, ou non, en toute autonomie.
En tout état de cause, faute d’une réforme de la seconde à la rentrée, l’impact de la réforme sur les dotations risquent de n’être lisible qu’au moment de l’annonce des dotations fin 2018-début 2019.

En revanche, la philosophie générale contenue dans le rapport demeure. Le ministre prétend mettre fin aux séries générales mais, de fait, la structure envisagée maintient globalement les séries scientifiques, littéraires et ES, dans les faits sinon officiellement, pire elle pousse à une spécialisation accrue en terminale.
Les doublettes de spécialités sont construites, comme l’étaient les majeures de Mathiot, pour permettre de répondre aux attendus de l’entrée dans le supérieur. C’est ainsi qu’il faut lire l’avancement des épreuves écrites les concernant, au printemps, afin qu’elles puissent être prises en compte dans les réponses sur Parcoursup.
Il s’agit donc bien, comme nous le disions pour le rapport Mathiot, d’un lycée bâti sur la sélection à l’entrée dans le supérieur et sur l’orientation précoce, le choix des spécialités en fin de seconde décidant de fait de la poursuite d’études, y compris en licence.

Le maintien tel quel des séries technologiques laisse planer le doute sur leur avenir, notamment en lien avec celui du lycée professionnel. Doit-on s’attendre à une grande réforme prenant en compte l’évolution du bac pro (en tertiaire notamment) ? Quoi qu’il en soit, le fait que ces séries demeurent inchangées alors que la voie générale est reconstruite pour répondre à la mise en place de la sélection à l’université, l’avenir des élèves de la voie technologique dans le supérieur semble se réduire aux IUT.

Enfin, la mise en œuvre de doublette d’établissements va renforcer la mise en concurrence entre les lycées, comme la réforme Vidal va renforcer celle entre universités.

La réforme Blanquer est donc bien une machine idéologique au service d’un lycée général élitiste et propédeutique aux études supérieures.
Ce lycée n’est donc que l’aboutissement d’une politique réactionnaire de refus de la démocratisation scolaire. On revient à un tri précoce, plus au niveau du certificat d’études mais en fin de 3e.
Le socle, base de l’enseignement obligatoire ; apprentissage, CAP et bac pro (avec comme seule poursuite d’études possible, le BTS) pour certain·es ; le lycée général, mini université destinée à trier les futur·es étudiant·es, pour les autres.
On semble entendre « Nous ne pouvons pas donner à tou·tes la possibilité de « réussir » dans les mêmes conditions, donc nous donnons à chacun·e la chance de trouver une place dans le futur appareil de production économique en fonction de ses « capacités » et de ses « efforts » … », bref, l’antienne méritocratique qui n’est qu’un alibi pour masquer et encourager la reproduction des inégalités sociales de réussite scolaire.

C’est sur le refus du tri social que nous devons bâtir notre mobilisation  contre ce projet et renforcer encore la mobilisation contre la sélection à l’université avec les lycéen·es et les étudiant·es.