Le Livret Scolaire Unique n’est pas obligatoire et il est dangereux!

Aux enseignants du premier degré du VAR

 

Le Livret Scolaire Unique n’est pas obligatoire et il est dangereux!

 

            L’article 1 du décret 2015-1929 du 31 décembre 2015 relatif à l’évaluation des acquis scolaires des élèves et au livret scolaire à l’école et au collège, sur lequel est appuyé le Livret Scolaire Unique, précise dans son article 1 : « Les parents sont tenus régulièrement informés de l'évolution des acquis scolaires de leurs enfants et du respect par ceux-ci de leurs obligations scolaires définies à l'article L. 511-1. Cette information se fait notamment par l'intermédiaire du carnet de suivi des apprentissages à l'école maternelle, du livret scolaire à l'école élémentaire et au collège, ainsi que du bulletin et du livret scolaires dans les lycées. ». Tout le monde aura vu le « notamment » qui n’est pas un adverbe injonctif.

Tous les autres textes du ministère qui concernent le LSU ne sont que des fiches EDUSCOL, destinées à aider les enseignants, et qui n’ont, elle non plus aucun caractère injonctif. Et nulle part sur ces fiches ne figure d’obligation.

 

            Ensuite, pour être validé, le LSU doit être examiné en Conseil Supérieur de l’Education. Or cet examen, initialement prévu le 17 novembre a été reporté au mois de juin, après la défaite prévisible d'un gouvernement qui se sera plus préoccupé du patronat que des salarié-es.  Non seulement, cela prouve le peu d’intérêt du ministère pour la chose, qui est moins urgente que la réforme de l’évaluation ou le vote du prélèvement à la source des impôts, deux mesures également réactionnaires. Mais, en outre, on ne sait pas ce que feront ses successeurs du livret.

Il faut ajouter qu’une nouvelle version du livret, légèrement différente de celle que nous connaissons, a été envoyée aux organisations syndicales afin qu’elles proposent des modifications. Au final, si le livret voit vraiment le jour en juin, il risque d’être modifié. Il semble en particulier que la 4ème colonne (items dépassés) risque de ne pas passer l’hiver.

 

            Suite à notre interpellation concernant  l’adoption obligatoire du LSU, et les pressions de certain-e-s IEN sur ce sujet auprès des collègues.L'administration nous a répondu: « Ce qui est indispensable, c’est le rendu des informations aux familles, quelle que soit la forme que ça prend. » Donc utiliser le LSU n’est pas obligatoire.

 

            Nous vous proposons d’intervenir auprès des IEN qui croiraient le contraire et mettraient trop de pression ( VOIR NOS COORDONNEES ICI ). La première chose d’ailleurs, si l’un-e d’entre elles/eux parle d’obligation, c’est de lui demander le texte sur lequel il s’appuie pour affirmer une telle chose.

 

Livret scolaire unique et Carnet de réussite sont des outils d’individualisation et de fichage.

 

            Sur le fond, la mise en place du LSU s'inscrit dans le cadre d'une politique éducative basée sur une évaluation normative des élèves, imposée par en haut et non réfléchie au sein même des équipes, à l'instar du LPC en son temps, des ENT et logiciels de saisie des notes dans le secondaire, avec tout ce que cela peut engendrer en termes de surcharge de travail, de fichage des élèves, de dérives possibles des futurs gouvernements. La façon dont la hiérarchie essaie de l'imposer montre bien que la liberté pédagogique de chaque enseignant-e tend à être bafouée. Demandons-nous à qui sert vraiment cet outil : à l'élève, aux parents ou à l'institution ?

 

            A l'école maternelle, c'est vrai, c'est le carnet de réussite qui est d'actualité. Il a été imposé et représente une lourde charge de travail en plus. Certain-e-s pourraient croire qu’il représente un outil pour une réelle pédagogie différenciée, mais les « carnets de suivi » délivrés par le ministère sont tout au long de la maternelle un enregistrement, y compris par photos et vidéos, des acquisitions de l’élève - avec l’âge de l’élève lors de l’acquisition - au regard de ce qui est attendu et qui est systématiquement rappelé au préalable.

 

            En outre, la démarche ministérielle imposée introduit une évaluation du comportement  et sanctionne le parcours des élèves en fin de grande section par une nouvelle liste d'items à cocher. Ce carnet de réussite s'avère n'être que de la poudre aux yeux pour une école maternelle finalement non -obligatoire avant l'entrée contrainte et forcée dans un système scolaire instrumentalisé par le patronat.

La maternelle: une joyeuse garderie d'enfants avant la réalité formatée et informatisée ?

 

            A nous donc de nous réapproprier nos outils d'évaluation, en concertation d'équipe, comme les textes nous y autorisent.

 

Quelle responsabilité pour mettre en place un outil non validé ?

 

            Pour dire le vrai sur la situation actuelle, nous testons un dispositif qui n'a pas été validé par les instances, n'a pas encore d'existence légale. Lorsque le LSU aura été validé, l’ensemble des parents d’élèves recevra un courrier l’informant des dispositions du nouveau dispositif et de ce à quoi il engage. Pour le moment, cela n’a pas été fait, car le LSU n’a aucune « existence légale ». Un parent d’élève souhaitant que le livret scolaire reste exclusivement un outil de communication entre le professeur et lui-même et découvrant par hasard le LSU avec des données concernant son enfant pourrait tout à fait attaquer l’école ou l’éducation nationale en se réclamant de la loi de 1978 sur l’informatique et les libertés, qui prévoit que toute personne « a le droit de s'opposer pour des motifs légitimes à ce que des données à caractère personnel la concernant fassent l'objet d'un traitement ».

 

            En effet, qui dit livret « numérique » dit livret « partageable ». Les informations liées aux compétences et à la scolarité des élèves peuvent être accessibles à de tierces personnes (pas seulement les parents et l’enseignant). De même, par le biais des transferts d'un fichier à l'autre, leur durée de conservation peut être illimitée, et mettre ainsi fin au droit à l'oubli dont doit pouvoir bénéficier chaque enfant puis chaque adulte.

 

            Aucune information n’ayant été fournie aux parents sur les modalités, la finalité et le contenu exact de ce nouveau fichier scolaire, toute collecte de données effectuée dans ces conditions est considérée comme déloyale et pourra ainsi relever d’une infraction pénale. Ainsi, la responsabilité des directeurs et directrices d'école peut donc être engagée pour les renseignements figurants, même issus de base élèves, et celle des enseignants pour des commentaires visibles en ligne par X ou Y (la hiérarchie notamment).