alternance en 4éme.


Un décret publié au JO le 17 février et d'application immédiate introduit des dispositifs d'alternance personnalisée pour les collégiens de 4eme et de 3eme qui pourront se dérouler dans des CFA ou des sections d'apprentissage.
Ce décret est scandaleux car il ouvre la porte à l'exclusion précoce et définitive des élèves en difficulté.
Lire le décret:

alternance-college-jorf-1.pdf alternance-college-jorf-1.pdf


Il faut bien prendre conscience que l'alternance est une voie de formation professionnelle qui coûte beaucoup moins cher au budget de l'Etat que les formations similaires "sous statut scolaire". Et ce pour plusieurs raisons :

 

1. Ce sont autant de classes transférées dans le giron d'établissements de formation privés hors contrat, et dont une bonne part de la formation est dispensée au sein des entreprises.

 

2. Les élèves concernés par les deux contrats d'alternance (contrat d'apprentissage ou de professionnalisation) n'ont plus droit aux bourses pour études puisqu'ils sont salariés (les contrats d'alternance sont des contrats de salariés à durée déterminée en bonne et due forme) et, à ce titre, reçoivent un "salaire" (calculé en % du SMIC) qui se substitue à toute bourse.

 

3. La charge du financement de ces formations est dévolue aux "employeurs formateurs" pour une part, à des collectivités territoriales d'autre part. L'Etat continue certes d'assurer une partie du financement (essentiellement sous forme d'un renoncement à une partie des cotisations sociales), mais dans une bien moindre proportion que lorsque ces formations professionnelle se déroulent "sous statut scolaire".

 

4. du fait de leur positionnement pédagogique et statutaire, une grosse partie du financement des formations par l'alternance fait l'objet d'un transfert de charge du budget de l'Education nationale vers des budgets de ministères plus "techniques" (secrétariat d'Etat chargé de l'alternance, ministère chargé du travail ...) et vers diverses collectivités territoriales.

 

5. Enfin, le financement de ces formations émane essentiellement d'un impôt payé par les entreprises : la taxe d'apprentissage.

 

Dans sa quête effrénée de "gisements de moyens récupérables",  nul doute que l'alternance
- dont on ne peut nier qu'elle représente une voie de formation professionnalisante qui a ses vertus auprès de certains élèves – est devenue une sorte de panacée permettant d'envisager de faire de la voie professionnelle, le nouvel "eldorado" pour les suppressions à venir d'emplois et de moyens financiers. Ainsi doit se comprendre le fait que cette année, c'est sur la voie professionnelle que pèse le plus lourdement à l'Education nationale la politique de «   non remplacement d'un fonctionnaire sur deux » ...Au cours de ces trois années,  les LP ont perdu 8000 emplois  (sur un total de 60000 au départ). Et à la rentrée de 2012, sur les 6500 emplois supprimés, 3500 le sont dans la voie  professionnelle.

  

Pour l'instant, c'est une politique qui touche fortement la voie professionnelle secondaire, et plus particulièrement les CAP. Désormais, on s'attaque au collège, comme on vient de le voir récemment, et demain  ce sera au tour des parcours seconde/terminale pro, et des sections de techniciens supérieurs préparatoires aux BTS, DCG ... L'extension actuelle, et plus encore à venir, de cette façon de former aux professions,  prend place dans ce qu'il faut bien appeler une politique de démantèlement de l'école républicaine.