M@gistère amer

 

M@gistère amer

Nous avions quitté la première formation à distance de février, déjà remplis-es d’espoir quant à la qualité de la chose : forums obligatoires, anonymat inexistant, QCM infantilisants… et nous ne serons probablement pas déçus par la suite qui vient de débarquer dans les écoles.
Enrichie des commentaires déjà peu élogieux de la première « formation » en ligne, la nouvelle laisse percevoir le devenir probable de la plate-forme magistère. Si nous ne pouvions que nous étonner de la forme que prenait déjà cette formation en ligne avec son interface peu abordable et sa tendance à la surveillance généralisée, nous ne pourrons que nous inquiéter de la tournure qu’elle prend :

  • « Invitation » à la mise en ligne de notre travail (partager est une chose noble, forcer plus ou moins implicitement à partager l’est bien moins).
  • Séquences de critiques ou d’autocritiques généralisées.
  • Prêche de « bonnes pratiques » clef en main à mettre en œuvre en classe, au mépris de la liberté pédagogique.
  • Fin à terme de la formation continue.

En effet, outre le visionnage de vidéos, quelquefois intéressantes par ailleurs, et du remplissage de quizz, qui le sont beaucoup moins, nous sommes désormais invités à confectionner une séquence, à la mener en classe et à la mettre en ligne.
Cette mise en œuvre sera l’occasion par la suite de participer à un « regroupement » des différents-es collègues qui permettra de faire un point sur les « bonnes pratiques » existantes.

Le risque, face à la lassitude des collègues parfois éreintés-es du manque de reconnaissance des autorités de l’Etat sur leur travail et du déclassement social de la profession, c’est de ne voir dans cette plate-forme de formation qu’un énième ersatz mal confectionné d’une formation initiale et continue ; formation déjà réduite comme peau de chagrin. C’est bien pire que cela avec une surveillance désormais constante de nos faits et gestes, de la généralisation de la politique de la critique et de l’autocritique, bien évidement nécessaire pour faire évoluer la profession, mais qui ne peut se faire sous cette forme.

Si les élèves méritent définitivement mieux que des enseignants-es formé-es à la clef usb et à la formation à distance, nous, enseignant-es, méritons mieux que cette course à la déshumanisation de notre profession.

Benjamin Guesnier
Elu du personnel pour la Cgt-Educ'Action