Rythmes: bilan d'étape

 

Rythmes scolaires en interpro.

L’Union Départementale  CGT du Var a constitué un collectif de syndicats regroupant des métiers concernés par l’Education des enfants et travaillant dans ou en lien avec le système scolaire, au sein duquel  la CGT Educ’Action 83 a pris toute sa place. Ce sont  donc des animateurs,  des ATSEM, des professeurs des écoles, des agents techniques et des AVS qui vont  œuvrer conjointement au sein du collectif.

Ce collectif, a déjà permis dans un contexte où les rythmes scolaires vont être ou ont été une nouvelle fois modifiés selon les communes, de prendre la parole, de nourrir le débat public et de se positionner en tant que force de propositions incontournable : lettre ouverte aux Maires du Var ( voir ici), organisation d’un débat sur les rythmes scolaires, communiqués de presse  etc.... Le Collectif se déclare POUR une réforme de l’Ecole mais pas n’importe laquelle bien évidemment.

 

Il vient également de dresser un premier  bilan de l’application de la réforme des rythmes scolaires dans notre département  sur les treize communes qui les ont mis en place dés cette année.

 En fait, il s’avère que, malgré un engagement important de tous les salariés, la mise en place de la réforme est un véritable désastre.

Diverses formes d’organisation ont été choisies :

- Journée d’école raccourcie à 15h30 avec école le mercredi matin.

- Activités (TAP) proposées aux enfants entre midi et deux ou après 15h30

- Mise à contribution des Atsem avec des animateurs ( parfois des bénévoles) ou non pour la prise en charge des activités

- Intervention d’associations ou de retraités bénévoles

- Activités gratuites ou payantes ( parfois fort cher dans certaines communes )

Les moyens mis en place semblent partout  largement insuffisants et les Atsem doivent dans plusieurs communes compenser le manque d’animateurs. Cela se fait au détriment du reste de leur travail : diminution du temps de présence avec l’enseignante, de la possibilité de prise en charge d’ateliers dans la classe, du temps pour assurer la logistique de la classe, le ménage…..

De ce fait, les Atsem, n’ont pas le temps de nettoyer les classes le soir après l’école. Elles sont contraintes « de laisser leur classe dans un état pas possible ». Il faut qu’elles se dépêchent de faire le ménage le matin alors que ce temps était habituellement réservé à la mise en place des ateliers pédagogiques de la classe. En outre les Atsem et les Professeurs des Ecoles sont stressés par les problèmes de sécurité liés à la ventilation des élèves entre les activités péri-éducatives  ( parfois très éloignées  les unes des autres ) , ceci étant renforcé par la multitude des intervenants qui sont souvent méconnus des enseignants.

Sur le projet Educatif : on constate la plupart du temps qu'il n'y en a pas,  un bouquet d’activités, même intéressantes, ne fait pas un projet. Dans certaines communes on a présenté les TAP ( Temps d'Activité Péri-éducatifs ) comme étant des activités récréatives, dans d'autres on demande aux Atsem de faire des projets pédagogiques!

Dans plusieurs communes certaines activités proposées  sont inadaptées  pour les plus petits. Il n'est pas rare que les petites sections soient réveillés de la sieste  pour aller aux ateliers TAP.

Tous les moments de jointure, de rupture de rythmes, comme le moment où les enfants passent de la classe au moment d’animation…. sont des moments à

« risque » : forte agitation des enfants, bruit, confusion……Les enfants passent en effet d’un groupe constitué : la classe – à une série d’autres groupes constitués en fonction des activités.

Les animateurs passent leur temps à compter les enfants : 15 mn en début de séance – 15 mn en fin de séance. Bilan, il ne reste que très peu de temps  pour les activités. L’agitation des enfants est extrême en raison de ces temps morts.

Certains animateurs sont si stressés qu’ils font des cauchemars où ils passent leur temps à compter des enfants qui ne font pas la différence entre les moments de classe et les moments d’animation (en raison de la présence des Atsem).

Certaines activités nécessitent des déplacements sur d’autres sites que l’école ce qui multiplie les risques d’accident sans parler de l’exposition de tout‐petits aux intempéries. Le problème de locaux est patent. Des activités sportives sont pratiquées sous des préaux – niveau sonore insoutenable.

Les agents techniques vivent aussi des perturbations importantes de leur travail. Certains enfants arrivent dans des locaux qui viennent d’être lavés et qui sont encore humides ‐ ils manquent de glisser.

Parfois, les animateurs ne savent pas à qui ils sont habilités à remettre les enfants car ils ne connaissent pas les familles. Il n’y a aucun moment prévu de concertation et de transmission des informations concernant les enfants qui ont des PAI (gestes médicaux d’urgence à mettre en oeuvre en cas d’allergie ou autres).

L’accompagnement des enfants handicapés n’est pas prévu pendant ces périodes. (pas d’AVS)

Tout bug, absence ou imprévu a des conséquences importantes.

Les enseignants ne voient plus du tout certains parents – le lien familles‐école  n’est plus fait.

Les parents acceptent mal, pour certains, la règle consistant dans le fait que si on inscrit son enfant à une activité – il n’est pas possible de revenir sur cette inscription.

Certains enfants manquent et on les cherche partout – les parents les ont récupérés. Certains enfants sont là alors qu’ils ne sont pas inscrits. Des enfants se perdent – personne ne sait où ils sont.

Pour les enseignants, Il n'est pas rare qu'après 15h 30 ,  les enseignants se retrouvent avec plusieurs enfants à garder, car les parents perdus entre les différents emplois du temps ne sont pas venus les chercher. Ensuite ils enchaînent à partir de 17h jusqu'à 20h les réunions et les animations pédagogiques, parfois également le mercredi après midi, autant dire que le temps de présence sur le lieu de travail s'est nettement accru. L'avis des enseignants a été demandé dans plusieurs communes concernant le contenu des TAP mais la plupart du temps cet avis n'a pas été véritablement pris en compte.

Au bout d’à peine trois semaines de classe : on observe un niveau anormal d’épuisement chez les personnels municipaux et les enseignants. Les enfants aussi sont anormalement fatigués.

L’administration de l’Éducation Nationale, qui a constaté la mission impossible, demande maintenant courageusement (sic) aux directeurs et directrices d’école d’être moteurs dans l’application de la réforme et d’aller à la rencontre des élus et des maires pour faire avancer les projets. Tout doit être bouclé pour la fin novembre.

Rien de cela ne nous étonne. Nous avions prédit une situation catastrophique dans l’application à marche forcée de cette réforme que nous contestons dans ces fondements (territorialisation de l’École de la République et mise en cause du principe d’égalité).

Ce qui se passe dans le Var confirme aussi ce que nous disons depuis longtemps : il est impossible de dissocier les conditions de travail des enfants et des professionnels.

Cela montre bien que les personnels, TOUS les personnels, sont les experts de leur travail et qu’il fallait prendre le temps de la concertation et de l’écoute avec eux. Les remarques, les réticences, les critiques étaient à écouter car dictées par une connaissance de la réalité, des engagements professionnels et un sens du travail bien fait très forts.

La situation dans le var montre qu’on ne peut envisager une réforme sans que de vrais moyens soient mis en place. Il n’est pas possible de faire fonctionner des personnels de manière cloisonnée sans prévoir de la concertation et des moments de co‐construction.

 

Le collectif CGT estime donc qu’il y a mise en danger des enfants. Il estime qu'il pourrait même y  avoir  matière à  exercer un droit d’alerte social, de multiples  initiatives sont envisagées ou sont en cours :

- courrier de l'UD CGT adressé aux principales communes du Var qui n'ont pas encore mis en oeuvre la réforme

- Lettre ouverte au Préfet

- Demande de bilan de l’application de la réforme à l’administration de l’Education Nationale

- Visite sur site des écoles passées à 4 jours et demi et poursuite de la mise en place d'un état des lieux précis

- Saisine des Chsct éducation nationale et des collectivités qui le souhaitent.

- Réunions d’information syndicale organisées par la CGT Educ’Action 83 pour les enseignants : (vous avez le droit d’en suivre 3 dans l’année scolaire à la place des animations pédagogiques) les prochaines se dérouleront

    • Le 06 Novembre à la Seyne sur Mer - école Jean Zay;
    • Le 20 Novembre au Luc - Collège Pierre de Coubertin;
    • Le 27 Novembre à Draguignan;